Nous sommes montés à Pralognan en famille le samedi soir, et avons planté les tentes sous un temps bien maussade. Les averses redoubleront même encore lors du briefing à 18h15. Repas local, et au lit assez tôt, pour une nuit vraiment courte avec réveil à 3h. Les conditions sont annoncées difficiles, avec beaucoup de névés un peu partout, des torrents particulièrement hauts à traverser, et un Col de Chavière en conditions de mois de Mai c'est-à-dire tout en neige sur le haut des deux côtés.

Un peu au radar sans avoir vraiment dormi, je me mets en marche et à 4h c’est le départ. L’organisation annonce 600 inscrits, mais il n’y aura qu’un peu plus de 500 partants le matin même. Dès la montée au-dessus du village, ça bouchonne un peu et je pars vraiment tranquille. J’ai pour objectif d’arriver très frais au Col de la Vanoise, 1000m plus haut. Mon roadbook me calcule un passage au refuge à 5h43, j’y arriverai à 5h46, en 306ème position. La montée fut bien brumeuse (et nocturne) mais dès le Col il fait clair et les brumes remontent doucement. Pas de vue sur la Grande Casse, mais un superbe passage au Lac des Vaches, où le gué si photogénique est presque tout immergé.

Je repars quasiment tout de suite du ravito, pour la deuxième section, vers le Refuge de l’Arpont. Sur l’ensemble du parcours, c’est la section que j’ai trouvé la plus belle : les vues sur les grands vallons, les Pointes Mathews et Pointe de Pierre Brune sont magnifiques au soleil levant. Le Grand Roc Noir émerge des nuages, c’est top et il y a des passages bien roulants très agréables. On s’enfonce dans les brumes de vallées pour un sentier en balcon un peu chaotique avec passage de pierriers, puis une très belle traversée sous le Dôme de Chasseforêt, et enfin une descente un peu chaotique aussi vers l’Arpont. 277ème position.

La prochaine section nous emmène à Plan Sec, au-dessus du barrage d’Aussois. C’est la section que j’ai le moins aimé : longs faux-plats montants dans la brume, sans vue et le nez dans les chaussures. Ça finit par se dégager au niveau de la Dent Parrachée, magique au-dessus de nos têtes. Une belle descente bien rapide nous amène au-dessus d’Ausssois, et le soleil commence à taper dur. A Plan-Sec, 285ème position.

Il faut contourner le Lac pour remonter en face, au Col du Barbier. Ça commence par une bonne montée très chaude et raide, puis en traversée, avant un ressaut final au Col. J’ai une bonne forme alors que l’on approche du 45ème km. La descente en sous-bois est un régal, je suis avec un groupe qui avance bien, c’est sympa, et l’Orgère approche. Dernière petite montée pour le refuge, où j’arrive en 231ème position. Le physique tient le coup, j’ai hâte d’arriver à ce Col dont la description était alarmante hier soir au briefing.

Ça commence par de bons lacets raides en plein soleil, à 14h… Je brûle de partout, j’en serai quitte pour de bons coups de soleil là où je n’ai pas mis de crème ! A mi-parcours du Col, je tire un peu la langue. Le rythme se ralentit sévèrement, il fait chaud. La dernière montée (300m intégralement en neige raide) sera vraiment lente. L’altitude se fait bien sentir en plus des 55km et 3500m déjà encaissés.
Derrière le Col, il faut descendre dans les névés jusqu’à Peclet. Les CRS ont installé des cordes fixes, mais ça marche aussi bien en ramasse, et c’est plus rapide.
Dernier Check-Point à Peclet au km 58, en 231ème position, je commence à avoir hâte d’arriver. Il ne reste que 14km de descente (et pas les plus intéressants), et j’ai du mal à m’alimenter, écœuré par tout ce que je pourrais avaler. Pas grave, je peux faire ça le ventre vide. J’ai tellement hâte d’arriver que je décide petit à petit d’accélérer dans la descente, monotone mais bien roulante.
Le téléphone ne capte pas du tout depuis l’Orgère, impossible d’arranger un rdv avec la famille. Ce n’est qu’arrivé aux Prioux (3km de l’arrivée) que je pourrais enfin communiquer, alors qu’ils m’attendent au bord du chemin, à un endroit inratable. Rdv est pris pour l’arrivée, dans 15min. Au finish, 227ème position en 13h41. J’ai vraiment abordé la course de manière prudente, à l’économie et sans prise de risque. Je termine en bon état de forme. Mon seul objectif était de finir cette course, qui m’attirait depuis 2012 – de ce point de vue-là, c’est très positif.

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Un bilan: bien sûr, le tour est très beau. Le parcours est absolument logique, orographiquement parlant, et c’est ce qui le rend si attractif. Les vues sur le massif de la Vanoise sont incroyables, de tous les côtés. En revanche, il y a du monde : on double sans cesse (alors que le sentier n’est pas large la plupart du temps), on se fait doubler, on rattrape toujours un coureur... Ça manque un peu de la solitude que j’apprécie tellement en montagne !

Côté matos: pas de bâtons, malgré les injonctions appuyées de l'organisation la veille au briefing. Tout le monde a suivi ou presque, de tout mon parcours je n'ai vu qu'un seul autre concurrent sans bâtons... Mais bon, j'ai l'habitude de courir sans, et j'ai tendance à trop forcer quand je les ai. Donc non, bien que je reconnaisse l'aide que ça puisse apporter dans les névés ou les traversées de torrents.
Aux pieds, La Sportiva Akasha: elles n'ont que 200km pour l'instant, mais elles sont plutôt bien: confortables et sans points durs, adhérence sans faille et souplesse juste-comme-il-faut.
Au poignet, la Fenix3 pour sa première sortie si longue: pas de soucis de batterie, il me restait 16% en arrivant. J'avais le câble et une batterie dans le sac, au cas-où!
Dans le sac, un T-shirt et un buff de rechange, qui m'ont permis un changement au 50ème: ça redonne un coup de propre bien agréable. Idée à garder!